Aigle de Bonelli
Hieraaetus fasciatus - famille des Accipitridés

 
carte de répartition (cliquez sur la carte)

L'année de l'aigle de Bonelli

L'aigle de Bonelli est le rapace méditerranéen par excellence et ce milieu de garrigue, de falaises calcaires et de maquis lui convient si bien que les adultes sont sédentaires sur leurs territoires qu'ils défendent contre les intrus de leur espèce. Méditerranéen et sédentaire, voici deux raisons suffisantes pour que la saison de reproduction débute très tôt. Ainsi la ponte de 2 oeufs (en général )a lieu dès la mi-février. Leur incubation dure 40 jours et les jeunes s'envolent après 60 à 70 jours mais sont encore nourris par leurs parents pendant plusieurs semaines, le temps de leur apprendre à chasser seuls. Intervient ensuite la période d'erratisme qui peut pousser les juvéniles loin de leur lieu de naissance, dans les Pyrénées, en Corse, en Espagne, voire même dans la moitié nord de la France. Des échanges de population ont régulièrement lieu avec l'Espagne qui, avec plusieurs centaines de couples, est le bastion de l'espèce en Europe occidentale.

Où voir l'aigle de Bonelli

Avec seulement une petite trentaine de couples en France (24 en 1998), l'aigle de Bonelli est un de nos rapaces les plus rares et les plus difficiles à observer. Il niche en France uniquement sur le pourtour méditerranéen (absent en Corse), dans les falaises et les garrigues de l'arrière-pays qui constituent son milieu de prédilection. Les oiseaux y sont présents tout au long de l'année car ils y trouvent suffisamment de proies, tout particulièrement des lapins de garenne mais aussi des corvidés et des laridés, pour se nourrir. Les plaines méditerranéennes littorales ne sont guère fréquentées qu'à la mauvaise saison par des oiseaux immatures, les adultes n'y effectuant que de très rares excursions pour y chasser.

Observer l'aigle de Bonelli

Observer l'aigle de Bonelli est une entreprise délicate car la rareté de l'oiseau nous oblige à respecter sa tranquillité. Certaines associations comme la LPO organisent des camps de surveillance des aires de ce rapace installées dans des falaises calcaires et c'est probablement là la meilleure manière pour le découvrir. L'aigle de Bonelli étant un rapace matinal, si vous voulez le surprendre en train de chasser, il faudra vous lever en même temps que lui, et surtout bien connaître ses territoires de chasse préférés. Le couple chasse souvent ensemble et les deux oiseaux s'observent souvent l'un derrière l'autre, planant à flanc de coteaux tout en scrutant le sol.

De quoi se nourrit l'aigle de Bonelli

L'aigle de Bonelli est un super-prédateur du milieu méditerranéen et, même si sa prédilection va aux lapins de garenne et aux perdrix rouges, il ne néglige pas pour autant toutes les autres sortes de proies qui se présentent (inconsciemment !) devant ses serres. Rats surmulots et noirs aux abords des dépotoirs, goélands leucophées et autres oiseaux de bord de mer, faisans relâchés par les chasseurs, volailles prélevées dans des poulaillers, corvidés, écureuils et gros lézards font ainsi partie du régime alimentaire de cet aigle dont la puissance n'a rien à envier à celle de son grand cousin l'aigle royal.

Identifier l'aigle de Bonelli

L'aigle de Bonelli est un rapace de taille moyenne à grande, similaire au circaète Jean-le-Blanc, donc bien inférieure à l'aigle royal. Cependant, à l'instar de l'autour des palombes, sa silhouette donne une impression de puissance nettement supérieure à un rapace de même taille. L'adulte se reconnaît à son ventre blanc et au dessous de ses ailes noir et blanc. Chez le jeune, le ventre et le bord d'attaque de l'aile vu par dessous varie du brun au roux. En fait, sans posséder des plumages riches en contrastes, l'aigle de Bonelli se reconnaît relativement facilement à son allure.

Entendre l'aigle de Bonelli

L'aigle de Bonelli, comme la plupart des aigles, n'émet que quelques cris lorsqu'il houspille d'autres rapaces qui s'approchent trop près de son aire.

L'aigle de Bonelli et l'homme

Chassant les perdrix et les lapins, donc le gibier, prélevant parfois des volailles dans des poulaillers, l'aigle de Bonelli a largement été détruit par l'homme qui ne voyait en lui qu'un rapace nuisible. La loi sur la protection des espèces dont il a bénéficié a permis de diminuer cette cause de mortalité alors que d'autres tout aussi meurtrières sont apparus.
La disparition des lapins dans de nombreux secteurs du Midi de la France à cause de la myxomatose a fortement modifié son régime alimentaire au point de perturber sa reproduction. Mais la cause la plus importante de mortalité est l'électrocution des aigles de Bonelli, surtout les juvéniles, sur les lignes électriques moyenne et basse tension. Tant que ces dernières ne seront pas enterrées, notamment dans des zones de chasse cruciales pour l'espèce comme la plaine de la Crau, il ne faudra pas espérer voir l'effectif français augmenter.
Les dérangements causés par l'homme comme la photographie animalière et surtout le développement des sports d'escalade sur des falaises où se trouve une aire a nécessité la mise en place d'équipes de surveillants bénévoles sur une grande partie des nids connus en France.

 


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© Hervé MICHEL 2002