![]() |
![]() carte de répartition (cliquez sur la carte) |
Oiseau montagnard emblématique, l'aigle royal passe toute l'année dans son vaste territoire de plusieurs dizaines de km2. Les parades nuptiales s'observent dès le début de l'hiver si bien que la ponte de 2 voire exceptionnellement 3 oeufs est déposée tôt, de la fin février à début avril. L'incubation dure un mois et demi. Le ou les aiglons, car le cadet est souvent tué par l'aîné si les proies apportées par les adultes ne sont pas assez nombreuses, s'envolent après 75 à 80 jours passés au nid. Les juvéniles se dispersent dès l'automne pour trouver un territoire disponible tandis que les adultes sont strictement sédentaires.
L'aigle royal est présent
dans les Alpes suisses et françaises, en Corse, dans le
sud du Massif Central, dans les Pyrénées, et, depuis
le milieu des années 1990, un couple s'est reproduit dans
l'extrême sud du Jura français. En dehors de ces
zones, l'espèce est plus qu'accidentelle, seuls quelques
jeunes en erratisme postnuptial sont observés. Cependant,
étant donné que l'ensemble des territoires disponibles
sont occupés, que la dynamique de population est en phase
de croissance et que de nombreux adultes et subadultes non cantonnés
recherchent de nouveaux sites de nidification, il est probable,
et l'installation dans le Jura le prouve déjà, que
les observations vont se multiplier en dehors des zones classiques
dans les années à venir. N'oublions pas que l'aigle
royal était autrefois capable de nicher en plaine sur des
arbres au coeur de grands massifs forestiers.
La présence de l'aigle royal reste néanmoins conditionnée
à la présence de proies en nombre suffisant pour
l'élevage de sa nichée, quoique l'exemple récent
du Jura ne donne pas vraiment raison à cette affirmation.
Les zones de haute montagne où les marmottes, les lagopèdes
et les tétras lyres abondent, ou les zones méditerranéennes
riches en lapins sont donc ses biotopes favoris.
Espèce avant tout montagnarde, l'aigle royal sait se faire mériter et il faut crapahuter au-delà de la strate forestière de montagne pour accéder à son domaine. Une fois arrivé dans cette zone d'alpages et de pierriers d'altitude, il vous faudra à la fois de la chance et de la patience pour observer le maître absolu des lieux. Comme tous les grands rapaces, l'aigle royal n'a pas une activité débordante, sauf en période de parade nuptiale au début de l'hiver, et ses prestations se résument à la capture d'une à deux proies par jour. Si vous n'avez pas la chance d'être présent à ce moment-là, tachez de revenir accompagné cette fois-ci d'une personne ayant déjà une bonne expérience de ce rapace.
Super-prédateur montagnard, le régime alimentaire de l'aigle royal est essentiellement composé de marmottes (à la belle saison), de lièvres variables, de jeunes ongulés (chamois essentiellement), de gallinacés (perdrix) et de tétraonidés (tétras et lagopèdes). Dans l'arrière-pays méditerranéen et dans le Massif Central, sa proie préférée est le lapin de garenne et il n'hésite pas à se rabattre vers d'autres proies de moindre taille suivant leurs abondances locales. Enfin, en hiver essentiellement, l'aigle royal se montre charognard sur les carcasses de chamois, de mouflons ou de bouquetins tués par une avalanche ou une chute.
Sa grande taille, son envergure
de 2 mètres, devraient logiquement suffire à identifier
l'aigle royal mais certaines personnes inexpérimentées
arrivent à le confondre avec une buse variable, ce qui
peut arriver lorsqu'on ne dispose pas de possibilité de
comparaison de taille. L'adulte possède un plumage brun
quasi uniforme avec une longue queue et de longues ailes relevées
en V lorsqu'on l'observe de face. Le juvénile possède
un plumage plus contrasté avec une queue à base
blanche et à terminaison noire et de larges marques blanches
sous les ailes visibles de loin. Le plumage juvénile s'estompe
au fil des années pour se transformer graduellement en
plumage adulte au bout de 5 à 6 années.
En fait, l'aigle royal ne peut guère être confondu
qu'avec des rapaces qu'il côtoie rarement dans les mêmes
milieux comme le pygargue à queue blanche immature ou les
rarissimes aigles ibérique et impérial.
Comme tous les grands rapaces, l'aigle royal n'émet que fort peu de cris et rares sont les personnes qui ont pu entendre les sifflements plus ou moins flûtés, mentionnés dans les ouvrages d'ornithologie, souvent émis près de l'aire ou lorsqu'un adulte est houspillé par un autre rapace ou un corvidé.
L'aigle royal a longtemps eu à souffrir de l'homme qui chercha à le détruire de tout temps car il l'accusait de prélever les moutons mais aussi les jeunes enfants. Seul son mode de vie dans des régions montagnarde inaccessible a permis sa survie dans nos pays. Aujourd'hui que l'on sait qu'une marmotte représente le poids maximal que peut soulever ce rapace et grâce à sa protection intégrale par la loi, l'aigle royal a retrouvé des populations en très bonne santé au point que tous les naturalistes attendent fébrilement son expansion dans les zones de plaine qu'il habitait autrefois. Les seules menaces qui pèsent sur lui sont l'extension des domaines skiables en montagne, les collisions avec les lignes électriques et le braconnage toujours d'actualité.