Busard cendré
Circus pygargus - famille des Accipitridés




Busard cendré mâle mélanique
(melanistic Montagu's Harrier male)
(Circus pygargus)
Sionviller (54) - 29.05.2004

Nikon D70 + Sigma APO 170-500 mm
(photo Hervé MICHEL)


Busard cendré mâle mélanique
(melanistic Montagu's Harrier male)
(Circus pygargus)
Sionviller (54) - 29.05.2004

Nikon D70 + Sigma APO 170-500 mm
(photo Hervé MICHEL)

Busard cendré mâle mélanique
(melanistic Montagu's Harrier male)
(Circus pygargus)
Sionviller (54) - 29.05.2004

Nikon D70 + Sigma APO 170-500 mm
(photo Hervé MICHEL)

Busard cendré mâle mélanique
(melanistic Montagu's Harrier male)
(Circus pygargus)
Sionviller (54) - 29.05.2004

Nikon D70 + Sigma APO 170-500 mm
(photo Hervé MICHEL)

L'année du busard cendré

Hôte six mois durant des savanes africaines où il côtoie éléphants et girafes, le busard cendré revient vers ses sites de nidification européens début avril. Aussitôt débutent les parades nuptiales destinées à séduire une femelle ou à resserrer les liens d'un couple déjà formé sur ses quartiers d'hivernage. Le nid, ou plutôt l'ébauche de cuvette qui remplit cet office, est installé à même le sol et les 4 oeufs sont pondus durant la deuxième quinzaine de mai. L'incubation dure 4 semaines et les jeunes prennent leur envol au bout de 4 à 5 semaines durant le mois de juillet. Ceci les ammène rapidement au mois d'août, date de la migration retour vers l'Afrique qui bat son plein dans la deuxième quinzaine de ce mois.

Où voir le busard cendré

La répartition du busard cendré en France comprend 3 zones principales : le Centre-Ouest où il niche encore dans des zones de marais, le sud du Massif Central où il est majoritairement présent dans les causses et le quart nord-est où la nidification a lieu pratiquement exclusivement dans les cultures. Il niche également çà et là en Bretagne et dans le Nord.
Le busard cendré est à l'origine un rapace se reproduisant dans les marais et les landes. Si ces dernières existent encore, les zones marécageuses ont par contre pour la plupart disparu, drainées à l'aide de subventions publiques par nos agriculteurs qui se sont empressés de les transformer en champs de maïs. Le busard cendré a su s'adapter - notons au passage que cette faculté d'adaptation lui a permis de ne pas disparaître complêtement - et niche désormais en majorité dans les champs de céréales, orge d'hiver, colza et blé, qui sont les seules parcelles suffisamment végétalisées au moment de son arrivée en avril.

Observer le busard cendré

L'observation du busard cendré en maraude est un spectacle fascinant tant cet oiseau léger vole avec grâce, se laissant déporter par le moindre souffle de vent. Ce vol papillonant permet d'ailleurs, pour un oeil averti, de le différencier du vol plus lourd du busard Saint-Martin.
Il faut désormais se rendre en pleine campagne, dans les vastes zones de cultures pour apprécier, sous le soleil de l'été, la souplesse de son vol. Comme les autres busards, il parcoure inlassablement des kilomètres au ras du sol et cette prospection méticuleuse de son territoire peut parfois l'emmener à des kilomètres de son nid.

De quoi se nourrit le busard cendré

Oiseau de plaine chassant en volant à quelques mètres de hauteur, le busard cendré scrute méthodiquement le sol pour surprendre ses proies, interrompant brusquement son vol de prospection pour se laisser tomber sur l'animal convoité. Celles-ci sont le plus souvent des micrommamifères (campagnol, mulot,...) mais aussi des passereaux «terrestres» comme les alouettes, les pipits et les bruants (surtout les jeunes non volants et leurs oeufs), ainsi que des jeunes perdrix, faisans, lapins et même lièvres si l'occasion s'en présente. Les petits reptiles (lézards, orvets et jeunes couleuvres) et les insectes de bonne taille (sauterlles, criquets, hannetons, carabes,...) représentent une part importante de son régime alimentaire, surtout dans les régions méridionales.
Paul Géroudet signale que «Sauf exceptions, ce rapace ne poursuit pas les oiseaux ; ceux qui ont la présence d'esprit de s'envoler sur son passage sont sauvés.» Dans les Corbières, j'ai donc eu la chance d'assister à cette scène rare : suivant aux jumelles le vol de prospection d'un busard cendré, je l'ai vu faire s'envoler devant lui une alouette des champs posé au sol et la poursuivre nonchalamment tandis que celle-ci prenait rapidement de l'atitude en fanfaronnant, tant elle était sûre de distancer ce busard lymphatique. Au moment où je pensais que le rapace allait rebrousser chemin, l'alouette, fatiguée par l'effort violent qu'elle venait de fournir, stoppa net son vol ascensionnel pour se laisser tomber sur le sol. Le busard, qui n'était qu'à quelques mètres sous ellle, se «réveilla» d'un seul coup, et, en deux à trois battements d'ailes énergiques et profonds, rattrapa le passereau et le saisit dans ses serres. La scène n'avait duré en tout que deux à trois minutes et je restais ébahi et interloqué du peu de résistance de l'alouette qui d'habitude peut rester en l'air bien plus longtemps. Peut-être est-ce le fait de voir le rapace monter lentement mais sûrement sous elle qui l'a incité à plonger vers le sol ? Bien mal lui en a pris en tout cas.

Identifier le busard cendré

Par rapport au busard Saint-Martin, le busard cendré possède une silhouette et surtout des ailes plus fines qui lui confèrent davantage de grâce en vol. Dans le détail, le mâle possède des stries brunâtres qui descendent sur sa poitrine et son ventre et surtout deux barres alaires visibles sur le dessus et le dessous de l'aile. La teinte générale grise est plus foncée que chez le Saint-Martin et l'oiseau apparaît plus sombre. La femelle est plus difficile à distinguer et sa silhouette plus élancée est le critère le plus facile à apprécier à distance.

Entendre le busard cendré

Le busard cendré n'émet guère de cris et les seules audibles sont émis lors de la parade nuptiale ou par la femelle quand elle pourchasse un autre rapace volant trop près de son nid.

Le busard cendré et l'homme

Comme beaucoup de rapaces, le busard cendré a longtemps été décimé par l'homme et la loi le protégeant a permis d'arrêter ce massacre. Malheureusement, à la fin des années 1990, des voix se sont à nouveau élevées parmi les chasseurs les plus arriérés pour pouvoir à nouveau le détruire sous le falacieux prétexte qu'il serait à l'origine de la disparition de la perdrix dans bien des régions de plaine. Il est évident que la régression de la perdrix est uniquement due à l'agriculture intensive qui détruit les haies et les couverts où elle pouvait nicher entre deux cultures, et qui empoisonne les insectes et les graines qui forment l'essentiel de sa nourriture. À partir de là, il est vrai qu'il est plus simple d'accuser le busard cendré que d'affronter les agriculteurs et de leur demander de changer leurs méthodes de culture, d'autant plus que la plupart de ces chasseurs revendicatifs sont les mêmes agriculteurs qui exploitent ces vastes étendues stériles qui sont autant de déserts biologiques où ni les busards, ni les perdrix ne peuvent survivre. Mais quand on sait le poids politique des chasseurs en France, le busard cendré a de quoi s'inquiêter d'autant plus que certains braconniers se disant chasseurs, forts de leurs convictions, estiment qu'ils peuvent outrepasser la loi pour en abattre quelques-uns.
Et pourtant le busard cendré n'a pas besoin de ces excités de la gachette qui ne comprennent rien aux équilibres de la nature pour faire partie des espèces menacées de France. Depuis leas années 1970, il est en effet artificiellement maintenu en vie dans bien des endroits de France par une foule de bénévoles de diverses associations de protection de la nature. Ces derniers se chargent de surveiller les nids situés dans des cultures et les déplacent dans un autre champ lorsque l'agriculteur débute la moisson. Sans cette intervention qui mobilisent des milliers de personnes en France au début de l'été, le busard cendré aurait bel et bien disparu de nombreuses régions car là où les marais ont tous disparu, les cultures représentent l'unique site de substitution. Évidemment, la reconstitution de ces marais serait la meilleure et la plus durable des solutions mais c'est un projet qui n'est pas encore envisageable à l'heure actuelle.

 


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© Hervé MICHEL 2004