Présent toute l'année
dans nos régions, le busard Saint-Martin cumule les statuts
de nicheur, de sédentaire, de migrateur et d'hivernant,
créant ainsi un brassage parfait de ses différentes
populations.
Après avoir passé l'hiver en dortoir pouvant parfois
réunir quelques dizaines d'individus, les busards Saint-Martin
autochtones qui ont passé la mauvaise saison sur place
se rapprochent dès la mi-mars de leurs sites de nidification
et sont rejoints fin mars- début avril par ceux ayant choisi
d'hiverner dans le nord de la péninsule ibérique
ou le sud de la France. La parade nuptiale, riche de ses vols
en festons, débute aussitôt et la ponte de 4 à
6 ufs est déposée dans un nid installé à
même le sol entre la mi-avril et la mi-mai. L'incubation
dure un mois puis les jeunes restent la même durée
au nid avant de prendre leur envol, en majorité en juillet.
La polygamie, observée dans certains pays, est rarement
notée en France.
La dispersion et la migration vers le sud des jeunes et des adultes
se produisent immédiatement après, quoique de nombreux
couples soient sédentaires dans nos pays. Ils sont survolés
en septembre-octobre par des migrateurs qui se rendent en Espagne
ou rejoints par des hivernants originaires d'Europe de l'Est et
du Nord .
Le busard Saint-Martin
est en
bien des régions le busard le plus commun et surtout celui
que l'on peut observer tout au long de l'année. Nicheur
dans une majeure partie de la France, il est très rare
sur une large frange littorale de la Bretagne et de la Normandie,
en Lorraine, en Alsace et quasi absent sur tout le littoral méditerranéen,
la Corse et les Alpes.
Espèce typiquement de plaine, les biotopes de nidification
du busard Saint-Martin sont assez variés mais ce qu'il
préfère par dessus tout sont les vastes landes et
clairières forestières, voire les coupes en régénération.
Les friches et maintenant les cultures, à l'instar du busard
cendré, sont aujourd'hui également occupées.
En hiver, il est présent sur l'ensemble du territoire à
l'exception des zones de montagne, avec une fréquence plus
grande lors d'hiver rigoureux qui nous amène des oiseaux
ayant initialement choisi d'hiverner dans des pays plus nordiques.
Il fréquente alors les vastes étendues de labours
de nos plaines, chassant du lever au coucher du soleil les petits
rongeurs et les passereaux grégaires comme les alouettes
des champs et les bruants jaunes.
C'est en plaine qu'il
vous faut
vous rendre pour espérer découvrir le busard Saint-Martin.
Été comme hiver, ce prédateur dont le régime
alimentaire est essentiellement composé de campagnols,
survole inlassablement les vastes étendues de blés
ou de labours selon la saison. Le soir venu, en dehors de la période
de nidification, les Saint-Martin ayant patrouillé dans
un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres, viennent
se rassembler dans un dortoir commun pouvant accueillir quelques
dizaines d'individus au maximum. Ce rassemblement nocturne a principalement
lieu dans les roselières en périphérie des
étangs mais également dans des friches.
Observer un busard en chasse est toujours un spectacle captivant.
Volant nonchalamment à un mètre au-dessus du sol
ou de la végétation, le busard compte autant sur
son ouïe que sur sa vision pour repérer les rongeurs,
un peu comme les rapaces nocturnes dont ils possèdent les
mêmes disques faciaux faisant office de paraboles. Une fois
sa proie repérée, il effectue en un dixième
de seconde une pirouette en l'air puis se laisse aussitôt
tomber les serres en avant sur sa victime. Les échecs sont
plus courants que les réussites et vous le reverrez alors
reprendre aussitôt son interminable quête, examinant
minutieusement chaque mètre carré de son territoire.
Comme chez toutes les
espèces
de busards, mâle et femelles sont fort différents.
Le mâle de busard Saint-Martin est certainement le plus
facile à reconnaître et à différencier
du mâle de busard cendré qui, rappelons-le, est absent
en hiver et du busard pâle rarissime en Europe de l'Ouest.
Son plumage est gris-bleu clair et uniforme avec simplement l'extrémité
des ailes noire. L'absence de strie sur le ventre et de barres
alaires lui confère un aspect moins sombre que le busard
cendré.
La femelle est par contre beaucoup plus difficile à distinguer
des autres busards qui se ressemblent toutes avec leurs plumages
bruns uniformes et leurs croupions blancs. Seuls sa silhouette
massive aux ailes plus larges et son vol plus lourd que celui
des busards cendrés et pâles permettent de la reconnaître.
Cela demande toutefois une bonne expérience, l'idéal
étant de bien s'entraîner en hiver quand elle seule
est présente.
Le busard Saint-Martin est fort peu loquace et seuls quelques cris sont émis lors de la parade nuptiale.
Avec son vol lent et proche
du
sol, le busard Saint-Martin a longtemps été une
cible facile pour les chasseurs qui le détruisaient au
même titre que les autres espèces de rapaces. Tant
et si bien que l'attribution du statut d'espèce intégralement
protégée lui a été fortement bénéfique
et lui a permis de retrouver en 20 ans des effectifs corrects.
Malheureusement, de nombreux chasseurs de plaine, parmi les plus
irréductibles, ne trouvant plus de petit gibier et tout
particulièrement de perdrix sur leurs terrains de chasse,
plutôt que d'aller affronter les causes réelles toutes
engendrées par l'agriculture intensive, ont trouvé
dans le busard un bouc émissaire idéal et demandent
purement et simplement son déclassement afin de pouvoir
à nouveau le massacrer. Espérons que cette nouvelle
menace ne sera jamais mise à exécution (voir également
le busard cendré et l'homme).
Le busard Saint-Martin se nourrit essentiellement de petits rongeurs
et ce n'est pas les quelques couvées de perdrix détruites
qui mèneront cette espèce vers l'extinction. La
perdrix comme le busard sont en fait tous deux victimes des pesticides
et des machines agricoles qui écrasent leurs ufs et déchiquettent
leurs jeunes lors des moissons ou des fenaisons. Tous deux ont
cohabité pendant des millénaires sans que les perdrix
ne disparaissent pour autant.
Parmi les points favorables à l'expansion du busard Saint-Martin,
on peut noter l'enrésinement de nouvelles parcelles qui
lui sont hautement favorables pour sa nidification.