Hivernant en Afrique dans une large zone située au sud du Sahara, la cigogne noire est de retour en Europe dès le début du mois de mars, les arrivées se succédant jusqu'au mois de mai. Installé au cur d'un massif forestier, le nid, en général celui de l'année précédente, est une énorme aire construite sur une des premières branches latérales d'un arbre de grande taille, chêne ou pin selon les régions. La ponte a lieu en avril et les 3 à 4 ufs sont couvés pendant 32 à 36 jours. Les jeunes prennent leur envol 2 mois à 2 mois et demi plus tard, durant le mois de juillet. La migration de retour commence fin juillet-début août, culmine dans nos contrées entre le 15 août et le 15 septembre et les derniers oiseaux sont vus en octobre. Quelques individus ont hiverné en France ces dernières années.
Le retour de la cigogne noire en tant que nicheur est un événement récent pour l'avifaune française et belge puisque la nidification a été réobservée au milieu des années 1970 dans le Jura français. Depuis, une lente expansion s'est déroulée et, au milieu des années 1990, une quarantaine de couples se reproduisent dans chacun des deux pays suivie d'une stagnation à la fin des années 1990 puisque seuls 12 couples étaient recensés.. En Belgique c'est la moitié Est qui est occupée alors qu'en France, son aire de répartition s'étend du Nord-Est au Centre-Ouest. En migration par contre, l'espèce est visible à peu près partout, seule la Bretagne étant évitée. Des rassemblements ont parfois lieu aux abords de certains grands plans d'eau du Nord-Est de la France en août-septembre. La grande majorité des migrateurs franchissent les Pyrénées par l'Ouest.
Malgré sa taille imposante et son plumage
fortement contrasté, la cigogne noire est certainement un des hôtes
les plus discrets de la forêt et assurément le plus difficile à
observer. Si bien que, à moins d'avoir eu la chance de découvrir
son nid en hiver ou au début du printemps avant la pousse des feuilles,
sa rencontre en forêt en période de reproduction relève
totalement du hasard.
C'est donc en migration qu'il faut la rechercher et les cols des Pyrénées
occidentales sont assurément les meilleurs sites français quoique
désormais l'espèce est régulièrement observée
en migration dans tous nos pays, le tout étant d'être là
au moment où elle passe.
La cigogne noire adulte posée se reconnaît immédiatement à son plumage noir, à son ventre blanc et à ses pattes et son bec rouge-carmin. En vol, seul le ventre et les avants-bras sont blancs et contrastent avec le reste du plumage noir. Le juvénile possède un bec jaunâtre qui devient verdâtre à l'automne avant de virer au rouge-orange à l'âge d'un an. Le plumage des immatures est brun-noir et terne alors que celui des adultes offre des reflets métalliques verts et violacés.
Contrairement à sa cousine la cigogne blanche, la cigogne noire est totalement silencieuse.
La cigogne noire a disparu de toute
l'Europe de l'Ouest au début de ce siècle à cause de la
destruction systématique dont elle a fait l'objet de la part des chasseurs,
notamment lors de ses migrations en France et en Espagne et par la forte diminution
des massifs forestiers dans ces pays.. Espèce aujourd'hui intégralement
protégée par la loi dans l'ensemble de l'Europe, la cigogne noire
voit ses effectifs remonter de façon spectaculaire, parallèlement
à une colonisation récente de la France et de la Belgique.
Actuellement, le tir au fusil n'est plus qu'une cause marginale de mortalité
de l'espèce en France mais pas sur ses quartiers d'hivernage en Afrique.
Elle a plus à craindre de l'électrocution sur les pylônes
où elle aime se percher et des collisions avec les câbles des lignes
très haute tension. Le dérangement des oiseaux au nid, soit lors
de travaux forestiers, soit par des naturalistes ou des photographes animaliers
peu scrupuleux ou de simples curieux, entraîne fréquemment l'échec
de la reproduction de cette espèce discrète qui recherche la tranquillité
au cur des massifs forestiers peu fréquentés par l'homme.
La disparition progressive des prairies péri-forestières où
elle va se nourrir au profit de champs de maïs largement subventionnés
doit également influer sur la réussite de l'élevage des
jeunes.
Bref, si la cigogne noire ne semble pas en danger actuellement, diverses mesures
veillant à lui assurer une tranquillité totale aux abords du nid
semblent nécessaires pour pérenniser sa présence dans nos
pays.