© Serge NICOLLE
Le circaète Jean-le-Blanc
se nourrissant quasi exclusivement de reptiles, il lui est totalement
impossible de survivre dans nos régions en plein hiver
car ses proies sont toutes en hibernation. C'est pourquoi il est
obligé de se rendre en Afrique au-delà du Sahara
pour y passer la mauvaise saison.
Le retour vers l'Europe est relativement précoce car les
premiers oiseaux sont notés début mars sur le pourtour
méditerranéen, les autres régions avant la
fin de ce mois, alors que serpents et lézards sortent tout
juste de leur torpeur hivernale. Son nid est une imposante aire
construite au sommet d'un arbre, un pin sylvestre de préférence.
La ponte de l'uf unique a lieu dans la première quinzaine
d'avril et son incubation dure 45 jours. L'envol du jeune a lieu
après un séjour de 70 à 80 jours au nid.
La famille reste soudée quelque temps jusqu'à la
migration qui a lieu entre la mi-août et la mi-octobre.
Le circaète Jean-le-blanc
est présent en France au sud de la Loire uniquement, là
où les populations de serpents sont abondantes. Il n'est
cependant "commun" qu'au sud d'une ligne La Rochelle
Grenoble et ses effectifs les plus importants se retrouvent
dans l'arrière pays du pourtour méditerranéen,
dans les parties sud et ouest du Massif Central et dans le Périgord.
La Corse est par contre inoccupée car, malgré un
climat idéal, les gros reptiles sont rares et seules la
couleuvre verte et jaune sur l'ensemble du territoire et la couleuvre
à collier sur la frange littorale sont présentes.
Ni vipère, ni gros lézard. Ce qui revient, en ce
qui concerne les ressources alimentaires disponibles, à
la même pauvreté que la moitié nord de la
France et ne peut en aucun cas suffire à nourrir convenablement
un poussin.
Le circaète est le rapace des zones semi-désertiques,
des causses, des immensités de garrigue et de maquis, des
calanques, de la moyenne montagne voire dans des milieux prairiaux
très ouverts comme en Charente-Maritime. La richesse en
serpents du milieu est LE paramètre qui conditionne sa
présence. Environ 1000 couples nichent en France alors
que cette espèce est absente de Belgique et du Luxembourg.
Observer le circaète Jean-le-blanc, c'est se transporter au coeur la garrigue, partagée entre le parfum du thym et le chant des cigales. À flanc de coteau, un circaète effectue le vol du Saint-Esprit, la tête penchée vers l'avant pour mieux repérer la couleuvre verte et jaune qui se dort au soleil. Arrêtant un instant le mouvement de ses ailes, il se laisse descendre d'un palier pour reprendre son vol sur place. Mais ce mouvement a dû alerter sa proie qui s'est mise à couvert car notre oiseau abandonne sa position stationnaire et plane le long de la colline à la recherche d'un nouveau reptile. Le vol sur place type crécerelle est relativement assez rare, le circaète préférant se positionner contre le vent et rester immobile, jouant seulement avec l'inclinaison de ses ailes et de sa queue. le serpent attrapé est immédiatement avalé et transporté diectement au jeune, la queue dépassant encore de son bec.
Le circaète Jean-le-blanc est un de nos rapaces dont le régime alimentaire est le plus spécialisé. En effet, il se nourrit essentiellement de reptiles et de serpents en particulier. Les grandes couleuvres (couleuvres à collier, verte-et-jaune, de Montpellier, d'Esculape) sont ses proies préférées. Il ne dédaigne pas les grands lézards et les orvets qu'il capture plus occasionnellement.
Le circaète Jean-le-blanc
ressemble à une buse variable ou une bondrée apivore
de grande taille, tant par son plumage que par sa silhouette,
et la confusion est fréquente chez les débutants.
Avec une envergure de 1,80 m, il est plutôt apparenté aux aigles.
Son plumage est brun uniforme par dessus alors que ses parties
inférieures sont blanches, finement mouchetées de
brun. L'absence de tache noire au poignet est un signe caractéristique.
Sa grosse tête apparaît souvent plus sombre et ses
ailes sont très larges, ce qui lui confère une silhouette
massive en vol, reconnaissable même de très loin,
surtout si l'oiseau effectue un vol sur place. Posé, sa
grosse tête de chouette et ses iris jaunes sont typiques.
Certains individus sont plus clairs que d'autres.
Le circaète Jean-le-blanc n'est guère silencieux durant la parade nuptiale et ses sifflements mélodieux sont agréables à l'oreille. En dehors de cette période, il est plutôt avare de ses cris sauf quand un congénère s'approche trop près de son aire.
Vivant dans des zones
retirées
toujours assez loin de l'homme, le circaète Jean-le-Blanc
n'a pas trop eu à subir de destructions de sa part, d'autant
plus que son régime alimentaire à base de serpents
était plutôt vu d'un bon oeil par ceux qui attribuaient
aux animaux le qualificatif d'utile ou de nuisible.
Aujourd'hui la population française de circaète
Jean-le-Blanc est stable et aucune menace sérieuse ne se
profile à l'horizon.
C'est probablement à cause d'un changement de climat que
le circaète s'est retiré des sites les plus nordiques
comme la Lorraine et la Champagne qu'il fréquentait encore
au début de ce siècle. L'abandon de l'élevage
des mouton sur les pelouses calacaires et les fameux savards champenois
a entrainé le retour de la friche, rendant ces zones inhospitalières
aux reptiles et, par voie de conséquence au circaète.