Corneille noire - Carrion Crow
Corvus corone - famille des Corvidés


Lunéville (54) - 10.11.2005
Canon EOS 20D + 300mm f4 x1,4
(photo Hervé MICHEL)

Lunéville (54) - 09.11.2005
Canon EOS 20D + 300mm f4 x1,4
(photo Hervé MICHEL)

Lunéville (54) - 09.11.2005
Canon EOS 20D + 300mm f4 x1,4
(photo Hervé MICHEL)

Lunéville (54) - 09.10.2005
Nikon coolpix 8400 + Swarovski ATS80HD x30SW
(photo Hervé MICHEL)

Étang de Parroy (54) - 13.04.2003
Nikon coolpix 990 + apotelevid Leica x32W
(photo Hervé MICHEL)

Lunéville (54) - 27.03.2003
Nikon coolpix 990 + apotelevid Leica x20
(photo Hervé MICHEL)

Lunéville (54) - 27.03.2003
Nikon coolpix 990 + apotelevid Leica x20
(photo Hervé MICHEL)

Lunéville (54) - 10.01.2003
Nikon coolpix 990 + apotelevid Leica x20
(photo Hervé MICHEL)

Lunéville (54) - 10.01.2003
Nikon coolpix 990 + apotelevid Leica x20
(photo Hervé MICHEL)

Lunéville (54) - 10.01.2003
Nikon coolpix 990 + apotelevid Leica x20
(photo Hervé MICHEL)
 
L'année de la corneille noire

La corneille noire vit en couple, même au plus fort de l'hiver, ce qui explique la précocité de sa période de reproduction. Les parades débutent sur leur territoire dès la mi-février, suivies de la construction du nid en mars-avril, en général en haut d'un grand arbre. 5 ufs en moyenne y sont pondus puis couvés pendant 17 à 21 jours. Les jeunes s'envolent un mois plus tard puis sont encore nourris 1 à 2 semaines avant d'entreprendre leur erratisme juvénile qui les mènera vers d'autres territoires. Si la majeure partie des adultes de nos pays d'Europe occidentale est considérée comme sédentaire, certains oiseaux originaires d'Europe centrale effectuent dans une faible proportion une véritable migration. Des bandes de quelques dizaines d'individus, composées en majorité de jeunes, errent dans la campagne durant la mauvaise saison. Seuls les dortoirs hivernaux arrivent à concentrer les oiseaux de tout un secteur, adultes cantonnés et jeunes en vagabondage, et atteignent parfois le millier d'individus.

Où voir la corneille noire

S'il est difficile de préciser si la corneille noire est notre corvidé le plus abondant, elle est assurément le plus uniformément répandu. En France, cette espèce est présente partout, même en Corse où elle est représentée par sa sous-espèce, la corneille mantelée. Il en est de même été comme hiver en Belgique, au Luxembourg ainsi qu'en Suisse, où, comme en France, elle est seulement absente des zones de haute montagne.
La corneille noire est avant tout l'oiseau de la campagne et tout particulièrement du bocage, des haies parsemées de grands arbres et des petits bois. Par extension, elle s'est rapidement installée dans les jardins arborés et les parcs urbains. Si elle ne pénètre le cur des massifs forestiers qu'à l'occasion de coupes à blanc, elle fréquente volontiers leurs lisières, même en montagne où elle niche jusqu'à la limite supérieure de la forêt d'altitude.
En période internuptiale, les milieux fréquentés sont encore plus nombreux puisqu'elle visite volontiers les labours en compagnie des grandes bandes de freux et de choucas, ainsi que les vasières d'étangs en vidange à la recherche de proies inhabituelles pour elle comme les moules d'eau douce.

Observer la corneille noire

La corneille noire, au même titre que le geai des chênes et la pie bavarde, est un de nos corvidés les plus uniformément répandus. Elle est nettement moins grégaire, surtout en période de reproduction, que le choucas des tours et le corbeau freux, espèces tout aussi, si ce n'est plus, abondantes qu'elle.
La corneille noire s'observe donc en général par couple, défendant tout au long de l'année son territoire, n'hésitant pas à houspiller sans relâche la buse variable ou le milan royal qui survole son domaine. Comme chez la pie et le geai, les territoires peuvent être restreints, renforçant l'impression d'abondance. Seuls le froid et la faim peuvent pousser les corneilles noires à se regrouper, principalement en hiver, autour de sources de nourriture, souvent au sein de grandes troupes de choucas et de freux. C'est d'ailleurs au sein de ces grands rassemblements de corvidés qu'il faut rechercher les corneilles mantelées.
Cette territorialité extrême est un des traits de caractère dominant chez la corneille noire et s'observe quotidiennement : cris rauques émis depuis un perchoir élevé pour répondre aux oiseaux voisins, suprématie de l'oiseau dominant pour la possession des perchoirs stratégiques, sont autant de signes de la vie très hiérarchisée des corneilles noires.
Aujourd'hui, la nidification sur les pylônes électriques est monnaie courante et permet à d'autres espèces comme le faucon crécerelle et le faucon hobereau de coloniser, en occupant les nids laissés libres par les corneilles, des milieux agricoles où les remembrements successifs ont détruit depuis longtemps les derniers arbres.

De quoi se nourrit la corneille noire

En bon corvidé opportuniste, la corneille noire possède un régime alimentaire des plus variés, évoluant au fil des saisons et et au gré des ressources alimentaires disponibles. Tout y passe : baies, fruits, graines, invertébrés, petits mammifères et oiseaux vivants, ufs, poussins, charognes et même les croquettes de votre chien s'il laisse sa gamelle trop longtemps sans surveillance. Cette souplesse d'adaptation de son régime alimentaire a permis à la corneille noire, comme à la plupart de nos corvidés, de profiter des bouleversements créés par l'homme en venant rechercher sa pitance au sein des vastes dépôts d'ordures ou dans les champs de maïs après la récolte. Cette adaptation leur a permis de diminuer la mortalité hivernale et donc d'augmenter considérablement leurs effectifs. Ce phénomène d'accroissement de ses populations est moins visible et plus diffus chez la corneille que chez le freux car elle ne se reproduit pas en vastes colonies.

Identifier la corneille noire

Tous de noir vêtus, les corvidés, geai, pie et cassenoix mis à part, constituent une famille a priori uniforme pour le débutant. Pourtant, les variations de taille, de plumage, de structure, de cris et de comportements permettent une identification relativement aisée entre les différents membres de la famille. Il faut prendre le temps le temps d'apprendre à les distinguer et que ne pas les qualifier systématiquement du diminutif de corb~eille, contraction des termes corbeau et corneille !
La corneille noire possède un plumage entièrement noir luisant, un bec et des pattes de la même couleur, ce qui la différencie d'emblée du corbeau freux adulte au bec gris-blanc. Sa taille est légèrement inférieure à ce dernier mais nettement plus petite que celle du grand corbeau qu'elle côtoie fréquemment dans les zones de montagne. Elle s'en distingue également en vol par sa queue carrée et non cunéiforme et au posé, par sa silhouette nettement moins imposante et son bec moins fort.
En fait, le seul risque de confusion peut se poser avec le jeune corbeau freux dont le bec est noir. Il faut alors beaucoup d'attention pour les distinguer et remarquer que la corneille possède de profil un front fuyant (nettement marqué et bombé chez le freux) et un bec fort et busqué (long et droit chez le freux).
En vol, la différence entre les deux espèces est facilitée par les cris mais on peut également noter que la queue est carrée chez la corneille et plutôt arrondie chez le freux et que leurs façons de voler sont légèrement différentes.
Pour l'identification de la corneille, la connaissance du comportement est essentielle et il faut toujours retenir que les corneilles noires sont des oiseaux essentiellement territoriaux souvent visibles par couple ou en très petites bandes alors que les corbeaux freux sont grégaires et vivent en grandes bandes.

Entendre la corneille noire

Chez les corvidés, la connaissance de leurs cris, encore appelés croassements, est primordiale pour déterminer rapidement leur identité. Si le cri du grand corbeau, rauque et caverneux, et celui du choucas, plus musical, sont caractéristiques, les cris de la corneille noire et du corbeau freux sont plus délicats à distinguer. Le cri de la corneille est plus rauque alors que celui du freux est plus nasillard. La corneille est capable de bien d'autres cris, rappelant parfois le cri de vol de la grue cendrée ou des grincements dont on est toujours surpris lorsqu'on en découvre l'auteur. Comme toujours, c'est l'expérience, ici relativement facile à acquérir, qui vous permettra de les reconnaître sans pointer vos jumelles vers eux. Encore vous faudra-t-il vous forcer à apprendre et à mémoriser les vocalises de ces oiseaux noirs que trop d'ornithologues ont tendance à négliger.

La corneille noire et l'homme

La corneille noire n'a jamais eu d'excellents rapports avec l'homme qui l'a toujours chassée et piégée. Son goût prononcé pour les couvées d'oiseaux n'a jamais été apprécié, surtout lorsque cette dernière s'attaque, même si cela reste rare, aux oiseaux de basse-cour. Pourtant, malgré son classement comme nuisible, la corneille noire, grâce encore une fois à son opportunisme alimentaire et à sa méfiance extrême et justifiée envers l'homme, se porte à merveille. Elle montre même des velléités d'expansion dans des régions où elle était encore considérée comme rare dix ans auparavant.
Rappelons également que le tir au nid des corvidés est interdit par la loi car son ouvrage est fréquemment réutilisé par d'autres rapaces, faucons hobereaux et crécerelles, hiboux moyens-ducs, qui risqueraient de faire les frais de cette bavure.


Accueillir la corneille noire dans son jardin

Si la présence de la corneille noire sur votre pelouse n'est pas un évènement majeur, elle installera son nid dans votre jardin à condition que des arbres de haut jet soient présents. Vous aurez ainsi droit à ses croassements chaque matin pour saluer le lever du jour !


accueil

© Hervé MICHEL 2006