l'Effraie des clochers
Tyto alba - famille des Tytonidés

 
carte de répartition (cliquez sur la carte)


L'année de l'effraie des clochers
Où voir l'effraie des clochers
Observer l'effraie des clochers
De quoi se nourrit l'effraie des clochers
Identifier l'effraie des clochers
Entendre l'effraie des clochers
L'effraie des clochers et l'homme
Accueillir l'effraie des clochers chez soi

 

L'année de l'effraie des clochers

Les effraies ayant survécu aux rigueurs de l'hiver réoccupent leurs sites de nidification dès le mois de mars. Les chuintements des deux protagonistes du couple se font de plus en plus pressants jusqu'à la ponte qui a lieu dans un recoin obscure du clocher du village ou d'une grange tranquille. 6 oeufs en moyenne (maximum connu de 12 !) sont pondus début avril pour la première nichée et dans la seconde quinzaine de juillet lors de seconde ponte. L'incubation dure 31 à 33 jours et les jeunes prennent leur envol au bout de 8 à 10 semaines. Commence alors l'erratisme juvénile qui mènera les jeunes oiseaux à plusieurs dizaines, exceptionnellement plusieurs centaines de kilomètres de leur lieu de naissance.Ces déplacements sont nettement plus importants que chez d'autres strigidés sédentaires comme la hulotte ou la chevêche. La mortalité est très élevée chez les oiseaux de l'année ainsi que chez les adultes qui restent fidèles à leur territoire quelque soit le temps. Les effraies périssent régulièrement de faim lors d'hiver à enneigement supérieur à une semaine.

Où voir l'effraie des clochers

Oiseau de plaine, des milieux ouverts et du bocage, l'effraie des clochers a depuis longtemps déserté les falaises où elle nichait autrefois pour s'installer dans les constructions humaines comme les églises, les granges et les greniers. On la retrouve néanmoins dans certains secteurs rocheux où elle niche dans une petite caverne loin de tout village. Il lui arrive même d'installer son nid dans une cavité d'un arbre creux, notamment dans l'Ouest de la France. Elle évite les milieux fermés comme les massifs forestiers et hésite à s'élever à plus de 1000 mètres d'altitude.
L'effraie est présente sur tout le territoire français, Corse comprise, à l'exception notable des zones de haute montagne des Alpes, des Pyrénées et du Massif Central. La Belgique, la Suisse et le Luxembourg sont également uniformément habités.

Observer l'effraie des clochers

Quoique strictement nocturne, l'effraie des clochers est probablement le rapace nocturne que vous aurez le plus de chances d'observer la nuit dans les phares de votre voiture. Fréquemment posée à l'affût sur les piquets en bord de route, elle survole également les espaces dégagés pour y repérer un campagnol ou une musaraigne.
Mais ce sont principalement par les amoncellements de pelotes de rejection en dessous de ses reposoirs favoris que vous vous rendrez compte qu'elle visite régulièrement votre grenier, le clocher de votre église ou la grange de votre voisin. Amusez-vous à décortiquer ces pelotes et identifiez à l'aide d'un ouvrage de référence les crânes qu'elles contiennent. Vous connaîtrez ainsi non seulement son régime alimentaire, mais aussi quelles sont les espèces de micromammifères présents autour de chez vous.
En plein jour, il faut impérativement limiter vos visites dans les lieux où elle niche car l'effraie des clochers, comme tous les rapaces nocturnes, profite de la journée pour se reposer. Tout dérangement peut avoir des conséquences néfastes, surtout si elle abandonne sa couvée pendant toute une journée. Mieux vous attendre la nuit tombée et se poster de façon à voir l'orifice d'où elle sortira après avoir annoncé sa présence par de longs chuintements.

De quoi se nourrit l'effraie des clochers

Comme la plupart des rapaces nocturnes, l'effraie se nourrit essentiellement de micromammifères. Les campagnols, les souris et les mulots occupent une place importante dans son régime auquel elle incorpore également les musaraignes que dédaignent la plupart des autres prédateurs, à poil ou à plume. Les oiseaux sont également consommés mais en plus petit nombre, de même que les chauves-souris et les gros insectes comme les hannetons.

Identifier l'effraie des clochers

L'effraie des clochers, surnommée la dame blanche dans bien des régions, est certainement notre rapace nocturne le plus facilement identifiable. Deux formes sont présentes dans nos régions. La forme blanche montre une répartition occidentale en Europe et est présente dans nos quatre pays. Sa face, sa poitrine, son ventre et le dessous de ses ailes blancs permettent de la reconnaître au premier coup d'il lorsqu'elle vole. Cette silhouette blanche sortant du clocher d'une église ou voletant au-dessus d'un cimetière lui a valu bien des problèmes de la part d'esprits crédules qui voyaient en elle ni plus ni moins qu'un fantôme. La forme rousse, présente plutôt en Europe Centrale et de l'Est, et dans nos contrées les plus orientales, remplace le blanc par du roux. Seul le disque facial en forme de cur reste blanc.
Posée, son dos et ses ailes aux couleurs mordorées et grises sont des critères suffisants pour son identification.

Entendre l'effraie des clochers

Pour qui ne connaît pas la chouette effraie, entendre ses chuintements en pleine nuit noire à proximité d'une église ou d'un cimetière a de quoi glacer le sang du plus téméraire d'entre nous. Ces cris, dont il existe quelques variations et dont le chant est composé, ne ressemblent absolument pas aux ululements des autres rapaces nocturnes. Postez-vous devant votre clocher préféré et attendez la tombée de la nuit pour avoir droit à cet étrange concert, surtout lorsqu'un adulte amène une proie à ses jeunes affamés.
Comme pour tous les rapaces nocturnes, le vol de l'effraie est totalement silencieux et lui permet d'attraper des micromammifères sans que ceux-ci ne l'entendent venir.

L'effraie des clochers et l'homme

Son nouveau qualificatif risque bientôt de ne plus lui convenir car, à cause de l'engrillagement systématique des clochers pour empêcher l'accès aux pigeons, les effraies ne trouvent plus guère de clochers à leur disposition. Pourtant, jusqu'aux années 1980, il n'existait guère de commune qui n'hébergeait un couple de ce nocturne dans son église. Aujourd'hui, afin de favoriser leur réimplantation dans ces endroits calmes, la Ligue pour la Protection des Oiseaux et d'autres associations de protection de la nature proposent l'installation de nichoirs dans les clochers avec un tunnel d'accès donnant directement sur l'extérieur, que seules les chouettes fréquentent.
Hormis ce manque de logement et malgré leur statut d'espèce intégralement protégée par la loi, les effraies subissent encore d'autres destructions. Si le temps où elles étaient clouées sur les portes de grange pour conjurer le mauvais sort semble enfin révolu, elles paient aujourd'hui un lourd tribut aux collisions avec les véhicules. Seules une vitesse réduite de la part des automobilistes et la plantation de haies dans les zones les plus meurtrières, obligeant les effraies à prendre de l'altitude lorsqu'elles traversent une route, peuvent freiner ce massacre.
Enfin l'empoisonnement des rongeurs, aussi bien dans les prairies lors de pullulation ou dans les jardins à l'aide de produits anticoagulants, entraîne également de fortes mortalités chez les effraies qui consomment à leur tour ces rongeurs empoisonnés, affaiblis et moribonds.
Reste que, de nos jours, la cause de mortalité la plus importante, est heureusement naturelle et a lieu lors d'hivers rigoureux lorsqu'une couche de neige persiste au sol pendant plus d'une semaine et dissimule ses proies à l'effraie.

Accueillir l'effraie des clochers chez soi

Accueillir un couple d'effraies dans sa propriété nécessite l'existence d'un endroit calme, grange ou grenier, où ce nocturne pourra tranquillement installer son "nid". Ce site ne doit pas recevoir votre visite régulière et doit être hors de portée des fouines et des chats domestiques. Le mieux est d'y installer un nichoir que vous placerez sur une poutre maîtresse du bâtiment. Vous prendrez également soin de lui laisser un accès permanent vers l'extérieur.

 


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© Hervé MICHEL 2000