carte de répartition (cliquez sur la carte) |
Bien qu'il soit observable durant toute l'année dans nos pays, le grèbe à cou noir n'en est pas moins migrateur car peu de sites peuvent se vanter d'accueillir cette espèce à la fois en tant que nicheur et qu'hivernant. Le retour sur les sites de reproduction a lieu à partir de la fin février jusqu'au début d'avril dans les zones les plus septentrionales. Irrésistiblement attirés par les mouettes rieuses qui leur procurent une certaine protection vis à vis des rapaces, les grèbes à cou noir vont donc chercher à s'installer au cur de leurs colonies. Une fois le nid flottant construit, la ponte de 3 ufs en moyenne a lieu assez tardivement en mai, parfois même en juin. L'incubation dure 19 à 25 jours et les jeunes nidifuges suivent leurs parents durant un mois et demi avant d'être totalement émancipés. Des couples occupés à nourrir leur nichée affamée sont donc régulièrement observables durant le mois d'août. La dispersion juvénile a lieu à ce moment puis, en octobre et novembre, adultes et immatures se regroupent en vastes troupes sur quelques sites pour y passer l'hiver.
Après les grèbes
huppé et castagneux, le grèbe à cou noir
est notre grèbe le plus commun, loin devant l'esclavon
et le jougris et pourtant c'est un nicheur régulier en
Europe de l'Ouest que depuis la deuxième moitié
du XXème siècle. Néanmoins sa répartition
est encore loin d'être uniforme et seules quelques régions
l'accueillent comme nicheur, parfois en colonies de plusieurs
dizaines de couples. Les grandes zones d'étangs, surtout
si elles hébergent des colonies de mouettes rieuses, mais
aussi de guifettes noires ou moustacs, sont des sites privilégiés
; c'est le cas de la Dombes, de la Brenne, de la Sologne, du Forez
et des étangs de Moselle. L'espèce est depuis quelques
dizaines d'années (depuis sa protection par la loi ?) en
progression et la nidification a été notée
dans plusieurs autres régions de la moitié nord
de la France. À la fin des années 1980, l'effectif
français était probablement supérieur au
millier de couples.
En hiver, la répartition de ce grèbe est bien différente
et la plupart des étangs où il niche sont désertés
au profit du littoral atlantique (rade de Brest) et surtout de
vastes plans d'eau du littoral méditerranéen comme
l'étang de Berre et continentaux comme le lac Léman..
En migration, le grèbe à cou noir peut être
observé sur n'importe quel plan d'eau, aussi bien sur de
petites gravières qu'en bord de mer.
Au printemps, c'est aux abords des roselières ou au sein des colonies de mouettes rieuses qu'il faut rechercher préférentiellement le grèbe à cou noir. En hiver par contre, il n'hésite pas à se montrer au centre des grands plans d'eau et à côtoyer les grèbes huppés. De très vastes rassemblements de plusieurs milliers d'individus ont lieu chaque année sur le lac Léman et sur l'étang de Berre dans les Bouches-du Rhône. C'est en fait, là où il est présent, un oiseau facilement observable, sauf quand il est en pêche active, car il passe plus de temps sous l'eau qu'à sa surface.
Le grèbe à cou noir
possède avant tout un profil caractéristique de
la tête qui permet de le reconnaître en tout plumage.
Son front est nettement bombé et son bec est retroussé
vers le haut, ce qui lui confère un profil très
anguleux, bien différent de celui plutôt plat et
fuyant du grèbe esclavon. Son cou est toujours foncé
quelque soit la saison : noir en été, il est toujours
fortement marqué de gris sombre en hiver même si
certaines zones apparaissent blanches. Enfin, détail difficile
à noter mais important, l'il à l'iris rouge (comme
chez l'esclavon) est toujours intégralement inclus dans
le noir de la calotte.
En été, le cou et la tête noirs ornés
de 2 oreillettes jaune d'or sont suffisamment caractéristiques.
De par sa taille, le grèbe à cou noir peut être
confondu avec le castagneux et l'esclavon. Si la taille du grèbe
castagneux est nettement inférieure, un oiseau au plumage
hivernal fort contrasté peut éventuellement prêter
à confusion d'autant plus que l'arrière train plus
clair et ébouriffé est commun aux deux espèces.
Mais la présence de joues bien blanches permet de s'assurer
de l'identité du grèbe à cou noir.
Avec l'esclavon, le problème est plus délicat à
résoudre mais le cou et la poitrine ne présentent
que de rares traces de gris foncé ce qui augmente le contraste
avec la calotte noire. C'est surtout la différence des
profils de tête qui est importante à noter. Enfin,
garder en mémoire que le grèbe à cou noir
est toujours beaucoup plus commun que le rare esclavon, surtout
à l'intérieur des terres.
Le grèbe à cou noir n'effectuant pas de parades nuptiales aussi démonstratives que celles du grèbe huppé, les vocalises qui les accompagnent sont également moindres. En hiver également, l'espèce est des plus silencieuses.
Comme son régime est nettement
moins piscivore que le grèbe huppé, le grèbe
à cou noir ne s'est pas attiré l'opprobre des pêcheurs
et ne subit guère de persécutions de leur part,
d'autant plus qu'il est intégralement protégé
par la loi. Le seul facteur important de dérangement qu'il
subit indirectement est la chasse au gibier d'eau car, dans bien
des régions, l'ouverture intervient à une époque
où les jeunes grèbes ne sont pas encore volants
et ne peuvent se soustraire aux perturbations engendrées
par les tirs et les déplacements des chiens dans les roselières.
Enfin, cette espèce liée aux étangs riches
en végétation aquatique luxuriante voit ses sites
de nidification se réduire au fur et à mesure que
se développent les pisciculture extensive qui décapent
au bulldozer les roselières afin d'augmenter la surface
en eau libre de leurs plans d'eau. C'est entre autres la disparition
des marais en Asie occidentale par assèchement et drainage
qui a poussé cette espèce orientale à coloniser
petit à petit l'Europe de l'Ouest.