Pinson des arbres
Fringilla coelebs - famille
des Fringillidés
L'année de le pinson des arbres
Dans nos quatre pays francophones d’Europe occidentale, les populations
nicheuses de pinson des arbres sont considérées comme sédentaires,
n’étant animées que d’un léger erratisme
une fois la période de reproduction achevée. Nos pinsons sont
par contre rejoints dès l’automne par des cohortes de migrateurs
d’origines nordique et orientale pour former ensemble de grandes troupes
écumant nos campagnes à la recherche de nourriture. Ces migrateurs
arrivent entre la mi-septembre et la mi-novembre, le passage culminant en
octobre. Femelles et jeunes sont les premiers arrivants, suivis quelques
semaines plus tard par des groupes de mâles qui ne désertent
leurs sites de nidification que contraints et forcés par l’avancée
de l’hiver. Il est d’ailleurs étonnant de constater que
les individus du même sexe forment la plupart du temps des troupes
distinctes durant l’hivernage. Tous repartent dans leurs contrées
d’origine entre la fin février et le début d’avril.
C’est également à la fin de l’hiver, dès
la fin février en plaine, que commencent les chants et les parades
nuptiales. Le nid, construit sur une branche reçoit 4 à 5
œufs entre avril et mai, voire en juin pour les populations montagnardes
toujours plus tardives. L’incubation dure 12 à 13 jours puis
les jeunes s’envolent 2 semaines plus tard. Ils restent dépendants
des parents 3 semaines supplémentaires. Une seconde nichée
est régulière mais non systématique.
Où voir le pinson des arbres
Le pinson des arbres est un de nos oiseaux
les plus communs et les plus répandus, ceci été comme
hiver. Sa population européenne, Russie exceptée, avoisine les
85 millions de couples reproducteurs, ce qui le place largement en tête,
loin devant le merle noir, le moineau domestique et les mésanges charbonnière
et bleue ! En France, Belgique, Suisse et Luxembourg, il est présent
partout. S’il est commun en Corse, il niche cependant de façon
plus dispersée sur tout le littoral méditerranéen français.
Le pinson des arbres est fortement lié aux arbres qui lui servent de
support pour l’installation du nid. Jardins, parcs, vergers, haies,
bosquets, bois, vastes massifs forestiers de plaine ou de montagne, de feuillus
ou de résineux, l’accueillent durant la saison de reproduction.
Du bord de mer à la limite supérieure de la forêt d’altitude,
tous les types de milieux boisés sont colonisés.
En hiver, son habitat est nettement moins forestier et cette espèce,
territoriale au printemps, devient fortement grégaire et fréquente
alors les espaces ouverts. L’apport de très nombreux migrateurs
et hivernants venus du Nord et de l’Est de l’Europe renforce encore
cette impression d’abondance. Des troupes de plusieurs dizaines à
quelques centaines d’individus se dispersent dans la campagne, guidés
par leur quête perpétuelle de nourriture. Ils accompagnent souvent
d’autres fringilles comme les pinsons du Nord, les verdiers et les chardonnerets
mais aussi les bruants jaunes et les moineaux friquets. Lorsque la neige apparaît,
ils se concentrent sur les bords de route dégagés, s’envolant
au passage des véhicules.
Avec
leurs silhouettes dodues, les pinsons des arbres se promènent tranquillement
sous les mangeoires où ils viennent grappiller les graines tombées
de plateau. Il est amusant de les observer se dandiner en picorant çà
et là, se disputer les meilleures places et surtout s’envoler
tous ensemble au moindre danger, exhibant les marques blanches de leurs ailes
et de leur queue.
Un autre moment fort de l’observation du pinson des arbres est le printemps,
moment où les mâles rivalisent par leur chant. Perché
au sommet d’un arbuste dominant le sous-bois, il égrène
son chant immuable et sonore, simple ébauche inachevée au sortir
de l’hiver qui deviendra une phrase complète, succession de notes
en cascade, aux plus beaux jours du printemps.
Durant la mauvaise saison, le pinson des arbres est essentiellement granivore et justifie le fait que la nature l’ait doté d’un bec conique et fort. Graines de plantes sauvages, faînes, graines de tournesol tombées de la mangeoire, céréales abandonnées sur les chaumes ou disséminées dans un tas de fumier, sont récupérées à terre et incorporées à son régime alimentaire. Les champs de maïs et les vignes sont certainement les milieux les plus fréquentés en hiver. Par contre, durant la belle saison et l’élevage des jeunes, il devient nettement plus insectivore et arboricole et dévore les chenilles et les petits insectes qu’il va rechercher dans le feuillage des arbres.
Le pinson des arbres mâle fait partie des quelques espèces qui fréquentent nos jardins et qui arborent une poitrine rouge. La sienne, dans les tons rouge vineux, permet de le différencier rapidement du bouvreuil pivoine et du rougegorge familier. Il se distingue également par sa calotte bleue et son croupion verdâtre, bien visible à l’envol. La femelle est brun terne et évoque plutôt une femelle de moineau domestique. Toutefois, en la regardant de plus près, on remarque deux barres alaires blanches visibles sur l’aile repliée et, comme chez le mâle, évidentes au moment de l’envol. Les plumes externes de la queue, blanches également, contribuent à créer chez le pinson des arbres en vol, un motif unique chez nos passereaux.
Entendre le pinson des arbres
La ritournelle du pinson des arbres est un
des chants les plus communément entendus lorsqu’on se balade
en forêt. Certains mâles le répête plus de 400 fois
par heure ! Ce chant rythmé assez élaboré est constitué
d’une série de notes musicales qui se succèdent dans une
phrase assez longue et surtout invariable et au final bien marqué.
Ce chant immuable en cascade, aux notes assez dures et bien détachées,
est caractéristique de l’espèce et se distingue aisément
du trille plus rapide du troglodyte mignon.
Le cri de vol, un yup ou diup, est lui aussi typique de l’espèce
et permet d’identifier les groupes de migrateurs lorsqu’ils passent
au-dessus de votre tête. Posé, il émet un cri aigu et
court qui est certainement le plus caractéristique de tous. Il existe
également un cri simple et monotone, appelé “cri de pluie”,
mais dont les scientifiques accordent plutôt une signification liée
à la période nuptiale.
Le pinson des arbres et l'homme
Le pinson des arbres est un habitué
des jardins et des parcs publics qu’il fréquente toute l’année.
S’il n’est pas attiré directement par la mangeoire hivernale
où il n’ose pas disputer la place aux mésanges et aux
verdiers, il est présent à l’étage inférieur
où il récupère les graines tombées au sol.
Au printemps, les arbres en tout genre et tout particulièrement les
conifères et les arbres fruitiers abriteront son nid et vous permettront
de l’accueillir tout au long de l’année.
Espèce pourtant intégralement protégée par la loi, le pinson des arbres subit encore le piégeage des petits oiseaux dans les régions des Ardennes (belges et françaises) et dans le Sud-Ouest de la France (Landes) où les traditions semblent malheureusement plus fortes que les lois. Néanmoins, il reste une espèce dont les effectifs sont stables.
© Hervé MICHEL 2004