Pinson du Nord
Fringilla montifringilla -
famille des Fringillidés
L'année du pinson
du nord
Passereau granivore
nichant dans le nord de l'Europe (Scandinavie et Russie), le pinson du
Nord est visible dans nos régions durant la mauvaise saison. Les premiers
oiseaux apparaissent à la mi-septembre en Belgique et dans le Nord
de la France mais le gros des troupes arrive plutôt dans la deuxième
quinzaine d'octobre et durant tout le mois de novembre.
La plupart des oiseaux ne font que transiter par nos régions pour
aller hiverner en Espagne mais, en l'absence d'hiver rigoureux, de nombreux
individus hivernent chez nous. Certaines années, des dortoirs peuvent
concentrer des centaines de milliers, voire des millions et même
exceptionnellement des dizaines de millions d'individus.
Le retour des hivernants vers leurs contrées septentrionales et le
passage printanier des migrateurs se produisent principalement en mars jusqu'au
début d'avril. Les mâles arborent alors leurs superbes plumages
nuptiaux, bien plus clinquants que leurs ternes parures hivernales.
Dans les forêts d'Europe boréale, 6 œufs en moyenne sont
pondus dans un arbre dans la seconde moitié de mai et en juin.
Où voir le pinson du nord
Toutes
les régions de France (à l'exception de la Corse où
il est rare), de Belgique, de Suisse et de Luxembourg accueillent le pinson
du Nord en hiver. Même si le site d'hivernage choisi par un individu
peut apparemment radicalement changer d'une année sur l'autre, ceci
en fonction des ressources alimentaires offertes, il est prouvé par
le baguage que les oiseaux du quart Nord-Ouest de la France sont originaires
de Norvège, ceux hivernant dans le Centre et le Sud du pays proviennent
de Suède et ceux de la moitié Est et de la Suisse sont nés
en Finlande et en Russie. Champs de maïs et hêtraies sont les
deux biotopes favoris des pinsons du Nord en hiver et certains sites peuvent
rassembler des dizaines de milliers d'oiseaux. On observe alors des vols
aussi compacts que ceux formés par les étourneaux au dortoir
ou les bécasseaux variables fuyant devant la marée montante.
Dans nos régions septentrionales, le pinson du Nord est un hôte
régulier de la mangeoire et, contrairement à son cousin des
arbres, il n’hésite pas à monter sur le plateau pour
se servir directement en graines, plutôt que de grapiller au sol celles
renversées par les verdiers et les mésanges. Son abondance
à la mangeoire varie également avec le degré d’invasion
au niveau régional. Sa présence n’y est souvent notée
qu’à partir du mois de janvier.
Au printemps, en février-mars, les oiseaux descendus plus au sud,
repassent par nos contrées et font parfois des haltes dans les forêts
où ils se gavent de faines de hêtre. Les derniers oiseaux,
arborant leur superbe plumage nuptial, sont observés jusqu'en mai.
Observer le pinson du nord
Même si des dizaines de millions d'oiseaux fréquentent chaque hiver nos régions, le pinson du Nord n'est pas un passereau si facile que cela à observer et sa découverte nécessite parfois une recherche active. Cela dépend néanmoins des années : il pourra être fréquent un hiver et se faire plus rare les années suivantes. Si vous êtes chanceux et si votre mangeoire lui plaît, vous pourrez sans aucun problème l'observer depuis votre salon en dégustant un bon chocolat chaud tout en feuilletant votre guide d’identification. Mais si vous n'avez pas cette chance, il vous faudra alors affronter la rudesse de l'hiver et vous promener dans la campagne à la recherche de groupes de passereaux granivores. Vous trouverez ces troupes mixtes comprenant des pinsons du Nord mais aussi des bruants jaunes, des bruants proyers, des linottes mélodieuses, des chardonnerets, des moineaux friquets et des pinsons des arbres, de préférence sur les chaumes de maïs ou dans les labours. S'il neige, les oiseaux qui n'ont pas eu le temps de partir vers le Sud, s'agglutinent le long des routes déneigées pour y trouver quelques graines. Des croupions blancs bien visibles à l'envol vous signaleront alors la présence des pinsons du Nord.
Le pinson du Nord est un
passereau granivore qui oriente sa quête et ses déplacements hivernaux
vers la recherche de graines. Et c’est en fait l’abondance ou au
contraire l’absence de nourriture disponible qui conditionne sa présence
dans une région en nombres plus ou moins importants d’une année
sur l’autre. Les grains de maïs abandonnés sur les chaumes
et les faînes de hêtre récupérées à
même le sol dans les forêts de feuillus constituent ses sources
de nourriture les plus abondantes et les plus facilement accessibles. Il est
d’ailleurs établi que l’expansion de la culture du maïs
dans nos pays a favorisé l’hivernage et la survie des pinsons du
Nord durant la mauvaise saison, alors qu’il y a de cela quelques dizaines
d’années seulement, c’était la fructification des
hêtres qui agissait sur la fluctuation de leurs effectifs hivernaux. De
nombreuses autres graines et même des baies sont incorporées à
leur régime alimentaire hivernal. Les graines de tournesol sont également
les bienvenues, notamment à la mangeoire.
En été, dans le Nord de l’Europe, le pinson du Nord adopte
un régime plus insectivore.
Identifier le pinson du nord
Avec son plumage délicatement teinté de orange, le pinson du Nord, mâle ou femelle, ne peut guère être confondu avec un autre passereau. Si besoin était, la tache blanche en bas du dos, bien visible à l'envol élimine tout risque de confusion éventuel avec une femelle de pinson des arbres. En hiver, le mâle est légèrement plus coloré que la femelle, notamment au niveau des épaulettes oranges, et s’en distingue par son bec jaunâtre à extrémité sombre. Le mâle arbore en plumage nuptial, une calotte noire brillante qui apparaît en fait progressivement par usure de l'extrémité terne des plumes durant l'hiver et non par un phénomène de mue.
Entendre le pinson du nord
Le
chant du pinson du Nord ne peut être entendu qu'en avril dans nos
régions lorsque des mâles se sont un peu trop attardés
sur leurs quartiers d'hivernage. Sa ritournelle est plus flûtée
et plus mélodieuse que celle du pinson des arbres. En dehors de la
saison de reproduction, ce sont ces cris constamment émis qui nous
interpellent dans la campagne. Son cri de vol est un ghèghèghè
plus rapide et plus grave que son cousin. Le plus caractéristique
est un cri clair et nasillard quèèk ou tchèik facilement
reconnaissable.Accueillir le pinson du Nord dans son jardin
Présent uniquement en période hivernale, le pinson du Nord
investira votre jardin si vous lui offrez de la nourriture en permanence.
Comme d’habitude, ce sont les graines de tournesol qui sont les plus
appréciées chez cette espèce. Vous pouvez les déposer
sur le plateau de la mangeoire où il n’hésitera pas
à venir concurencer les verdiers et les grosbecs, ou les éparpiller
à terre, où il viendra les picorer avec son cousin des arbres.
le pinson du nord et l'homme
Autrefois largement piégé par l'homme en Belgique et dans les Ardennes françaises (on le nommait autrefois pinson des Ardennes), le pinson du Nord n'a guère qu'à redouter les piégeurs landais qui les revendent dans les restaurants du coin, servis sous l'appellation “petits pinsons à l'ail”, ceci bien entendu en toute illégalité car le pinson du Nord est désormais une espèce intégralement protégée. Mais que vaut de nos jours la loi face à la tradition ?