Guyane 2009 |
Mercredi matin. Nous ramenons notre voiture de location à l'aéroport et prenons un petit avion pour Saül, au cœur de la forêt amazonienne. Il s'agit de la Mecque ornithologique de la Guyane française. Ce petit bourg d'une cinquantaine d'habitants au milieu de nulle part n'est accessible que par avion. Depuis un an, la gendarmerie et l'armée sont présentes, à cause du passage de plus en plus important d'orpailleurs illégaux d'origine brésilienne. Dès notre arrivée, nous prenons le petit raccourci à travers la forêt pour rejoindre le village. Aprèss avoir d'emblée observé un grimpar bec-en-coin et une autre espèce de grande taille, j'arrive à photographier au-dessus de nos têtes un grand jacamar avec une cigale géante dans le bec. Un peu plus loin, alors que je fais attention où je pose mes pieds pour ne pas marcher sur un serpent ou une mygale — je n'en verrai aucun de tout le voyage ! — un petit colibri indéterminé se pose quelques secondes à côté de moi. Et puis c'est tout pour la matinée ! Nous arrivons rapidement au carbet "chez Lulu" où nous prenons nos quartiers pour 3 nuits. Il fait très chaud et sec. Les tangaras à bec d'argent, des palmiers et évêques sont de loin les oiseaux les plus communs à Saül mais pas forcément les plus faciles à photographier ! Autour de notre carbet, je photographie un tyranneau vif et Serge repère un milan bidenté alors que je suivais les pérégrinations d'un piaye écureuil dans les branchages. Nous nous promenons séparément atour du carbet et je découvre un superbe mâle de saphir azuré en pleine parade nuptiale. Au bord de la petite crique, deux râles de Cayenne s'envolent du dessous du pont pour se réfugier dans la végétation aquatique. Des tyrans de Cayenne et mélancholique sont présents ainsi qu'un grand arbre qui accueillent des nids de cassiques cul-jaune. Je m'enfonce un peu en forêt au départ du sentier du bœuf mort sans observer le moindre oiseau. Dans les airs planent les milans à queue fourchue qui sont très nombreux, ainsi que quelques milans bleuâtres et grands urubus. Nous nous retrouvons en fin d'après-midi au carbet et faisons la connaissance de Johan INGELS, un ornithologue belge passionné par la Guyane et Saül. Jeudi matin. Nous nous levons avant le lever du soleil dans le but de suivre le sentier des Monts Lafumée. Un faucon des chauves-souris est en poste sur le grand arbre mort devant le carbet de Lulu et un vol bruyant d'amazones indéterminées passe dans le ciel. Arrivés au départ du sentier nous observons un grimpar bec-en-coin et un trogon à queue blanche. Nous ratons la piste et continuons sur le chemin sur lequel sont posés 2 superbes engoulevents noirâtres. Je laisse Serge les dessiner et continue le chemin qui se termine en cul-de-sac sur une sorte de potager. Des aras rouges et chloroptères passent en criant au-dessus des arbres et quelques milans à queue fourchue cerclent dans le ciel. Un peu perdu, je retourne sur mes pas et laisse Serge continuer ses croquis. La chaleur est déjà insupportable et je rentre au carbet. Après une tentative infructueuse de sieste dans mon hamac, je repars à la recherche de Serge. Je retrouve bien l'engoulevent noirâtre mais plus de dessinateur. Ne voulant pas m'aventurer tout seul loin du village, je rentre donc tranquillement et photographie quelques tangaras des palmiers et évêque sur un arbre plein de fruits. Je réussis le portrait d'un tyran énigmatique que Serge a également dessiné. L'absence de franges roussâtres sur les rémiges lui fait ressembler au tyran sociable (Myiozetetes similis) — absent normalement de Guyane — mais, après consultation d'Alexandre REANAUDIER, il s'agirait bien de tyran de Cayenne. Alors qu'une averse courte mais violente s'abat sur le village, je note une petite troupe d'ortalide motmot à quelques pas de notre carbet. Les gros oiseaux sont devenus très rares aux environs de Saül à cause de la chasse pratiquée par les chercheurs d'or brésiliens qui tuent tous les gros mammifères et oiseaux pour se nourrir. Serge me rejoint en toute fin d'après-midi. Il avait trouvé la bonne piste mais n'avait rien vu d'extraordinaire à l'exception d'un ermite à brins blancs. Nous avons encore le temps d'observer, de photographier et de dessiner le colibri oreillard dans le verger de Lulu avant que le soleil ne se couche. Dernière journée entière à passer à Saül. Nous montons avant le lever du soleil au belvédère, sentier que j'avais fait la veille sans voir le moindre oiseau ! Arrivés en haut, et malgré une attente de quelques heures sur place, nous n'observerons que les habituels milans bleuâtre et à queue fourchue et grands urubus. Seule une petite troupe de toucans ariels nous approchera à une bonne centaine de mètres alors qu'un psitacidé indéterminé sera vu à plus de 500 mètres. La déception est immense même si les paysages sont superbes :-) Nous redescendons en milieu de matinée pour s'installer devant le carbet de Lulu. Le piaye écureuil tourne autour de nous ainsi qu'un todirostre familier. Une élénie à ventre jaune prend un bain de poussière et un cotinga de Daubenton farouche se pose assez haut dans un arbre. L'après-midi, malgré les petites averses, nous prenons le raccourci de l'aérodrome pour observer les habituels tangaras plus un superbe oriole à épaulettes qui se succèdent sur un bananier. Dès l'entrée dans le sous-bois, j'arrive à photographier un couple d'alapi à cravate noire puis une coracine chauve qui traverse notre sentier. Pour le retour, nous empruntons la route principale pour observer une troupe de conure pavouane, un manakin casse-noisette et entendre un salatator des grands bois. En ce qui concerne Saül, la déception aura été constamment au rendez-vous car le nombre d'espèces observées, aux dires de Serge qui est déjà allé une dizaine de fois en forêt amazonienne, est très faible. La saison (très) sèche en est probablement la raison même s'il est toujours difficile d'observer des oiseaux dans ce genre de milieu. Question photographie, l'utilisation d'un 500mm équipé d'un multiplicateur x1,4 aura été la plupart du temps largement insuffisante tant les oiseaux sont observés en général à de grandes distances aux sommets des arbres. Il n'est pas évident que la digiscopie eût donné de meilleurs résultats :-( En tous cas, pour l'observation simple, la paire de jumelles est largement insuffisante et la longue-vue indispensable ! |